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Je m’appelle Jean-Marc

30 mois de vie… en Liberté… Jamais Sans Toit n’aide pas seulement les sans-abri mais toute personne précarisée, en difficulté personnelle et/ou financière, vivant grandement la solitude… Nous mettons un point d’honneur à donner notre coup de pouce à celui qui demande notre aide pour s’en sortir… Jean-Marc fait partie de ceux-là…

Jean-Marc Mahy nous a écrit ce texte à la fin de son stage chez JST.  Je n’étais pas trop rassurée au départ !  Imaginez-vous : j’allais prendre comme stagiaire un homme de 40 ans qui avait passé 19 ans en prison et qui était en condionnelle !

Mais je me suis dit que tout le monde avait droit à une seconde chance et manifestement personne ne voulait la donner à Jean-Marc (ou en tout cas très peu de personnes d’un point de vue professionnel).  Nous avons donc décidé, Patrick et moi, de lui ouvrir la porte de notre asbl et nous ne l’avons jamais regretté !  Jean-Marc a été un stagiaire hors du commun, à l’écoute de chacun des usagers de JST; jamais un mot plus haut que l’autre, énormément de respect de l’autre et toujours positif et créatif !  Ce n’est plus un ancien stagiaire pour nous mais un ami …  Voici ce qu’il a voulu vous dire à la fin de son stage : (voir aussi art Ecole de la Vie)

Mon stage ayant pris fin chez Jamais Sans Toit, je me devais d’exprimer ce que cette expérience unique m’a apportée.

Depuis le 16 septembre 2003, je suis en liberté conditionnelle, après 19 ans de détention.  J’ai tout d’abord travaillé comme plongeur dans un restaurant d’entreprise, d’où j’ai du partir après 6 mois, étant harcelé par mes collègues, n’acceptant pas mon étiquette d’ex-détenu ! Ensuite, j’ai été en contact avec un jardinier paysagiste avec lequel je vais vivre des moments très forts et très beaux puisque nous travaillions dans de magnifiques endroits. Pour moi, ça c’était du bonheur, de découvrir des paysages à différentes heures de la journée dans des couleurs de tons variant au grès du temps, au fil du vent. Quand on à passé dix-neuf ans derrière des hauts murs de béton gris, et que le ciel était hachuré par les barreaux de ma cellule, s’extasier sur les beautés de la nature est l’essence même de la vie. Il était évident pour moi, de me raconter, afin de faire comprendre à d’autres l’envers du décor. J’ai alors rencontré un homme, qui a fait basculer mon destin, Jean François Lenvain.

Ce jeune prof, avait un point commun avec moi, la détermination d’aller jusqu’au bout de ses idées. Offrir aux jeunes, l’envie de se dépasser, d’aller à la rencontre des autres. De casser des préjugés, de combattre l’indifférence. De créer une impulsion, afin de devenir acteur de sa vie, et non plus spectateur. Et puis vient ma première rencontre avec Muriel Sochnikoff-Pierre.  Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre au niveau de mon cœur, que je rencontrais une Femme de Cœur. Comme JF (le prof), la révolte positive d’aboutir à son projet était une raison de vivre pour Muriel.  D’emblée, le courant entre nous s’est révélé d’une force explosive !

Etre ensemble et travailler en partenariat ne pouvait que nous conduire encore plus vite à la réalisation d’autres projets. Quelques mois plus tard, Jean-François me parla longuement et me poussa à entreprendre des études d’éducateur. Je n’avais nullement envisagé de reprendre des études, mais ce choix ce révéla le plus judicieux qu’il soit. Je ne le regrette pour rien au monde aujourd’hui (et je suis Educateur!)

Travailler dans le secteur social avec mon passé, ne pouvait que me rendre plus fort pour aider davantage les autres. C’est vrai que partout où je témoigne, j’apporte une richesse, et j’en reçois le double. Mais mes cours me permettent de dire aujourd’hui qu’en tant qu’éducateur, le plus grand bien que je puisse faire aux autres, n’est pas de leur communiquer ma richesse mais de leur révéler la LEUR. Et c’est bien cela toute la difficulté de mon métier en ayant eu le parcours qui est le mien.  Demain d’autres combats m’attendent, et je me sens toujours un homme debout, même plus fort encore depuis mon passage à JST.  Je ne puis malheureusement pas tout écrire dans cet article, mais d’ores et déjà, je prend rendez-vous avec “Jamais Sans Voix” le journal de JST.

Jamais Sans Toit m’a mis tellement de visages dans la tête, tellement de richesses dans le Coeur , qu’il m’est vital de garder un lien très fort avec cette association et Muriel et Patrick Sochnikoff.  En attendant, laissez-moi vous dire, de continuer à croire en vous, de vous dire que la Vie vaut vraiment la peine d’être vécue.

Et en attendant la suite dans le prochain numéro, j’adresse à tous ceux fréquentant JST toutes mes amitiés, et je les remercie encore de m’avoir permis de m’ouvrir davantage aux autres, tout en étant le Jean Marc que je suis devenu aujourd’hui.

MERCI.

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